La dure journée des moutons...

Mercredi 27 avril dernier fut, pour mon troupeau de béliers, une rude et longue journée! La journée tonte!

Pour nous aussi, pauvres humains que nous sommes, cette journée annuelle (normalement) est un stress au préalable! Car ces affreuses bêtes laineuses sont d'une intelligence surprenante pour déjouer les "pièges", subtils pourtant, que nous mettons en place chaque année pour les attraper...Ce qui nous vaut en moyenne, une partie de course de plus de 2 heures et une suée à faire rêver les clubs d'athlétisme! J'ai même goûté l'occasion, il y a deux ans, de voir un bélier arriver droit en face de moi en courant ventre à terre, pour prendre son élan et sauter au-dessus de moi!! Non, je n'avais rien bu pour les mauvaises langues et non ce mouton n'avait pas de cape rouge....trêve de plaisanterie...

Pourtant cette année-là, j'avais apprivoisé Moïse, le meneur du troupeau. Il était gentiment attaché en appas dans le van pour attirer les copains...mais le bélier d'ouessant, particulièrement, n'est pas grégaire et en voyant ce pauvre "momo" dans cet engin, j'ai cru entendre ses copains dire : "dommage pour toi momo!" et tout le monde est parti dans une direction différente!

Cette année, j'ai été encore plus prévoyante! J'ai voulu habituer tout ce petit monde pendant un mois, a rentrer dans un petit parc où un petit encas les attendait. Ca a très bien marché! Du moins pour 4 moutons...Chopin, lui, a senti le mauvais coup et n'a pas voulu approcher...Une demi-heure et pas une goutte de transpiration! on s'améliore!

Une fois les fauves dans le van, commence la séance de tonte qui n'est pas une mince affaire non plus. J'ai été un peu prise de court l'année dernière, du coup, nous n'avons pas fait de tonte en 2012. Deux ans de laine sur le dos...rien de catastrophique mais pour ces moutons, c'est quand même un peu gênant car leur laine feutre beaucoup, surtout autour du cou, ce qui peut à terme faire un collier qui les gêne pour respirer. Donc cette année on s'y est pris tôt dans la saison pour limiter le phénomène.

Hélène a la tondeuse en main (en tant qu'ancienne bergère dans "son jeune temps"), Katell gère les moutons, Frédérique tient l'appareil photo, Françoise est prête a intervenir en urgence.... La fine équipe est au taquet...

Lors d'une tonte, dans l'ordre, cela donne :

- on attrape le mouton

- on le met assis (c'est une position où le mouton ne bouge quasiment plus)

- on attaque la tonte de haut en bas. Déjà la "nuque" puis le cou. Là on essaie d'ouvrir une brèche dans la laine tondue

- puis on avance sur le dos, l'épaule...

Des règles d'or : ne jamais tirer sur la laine déjà tondue qui pend sous peine de tirer la peau et de voir la tondeuse déchirer la peau (une effilade si je me rappelle bien du terme..!) - Toujours étirer la peau au maximum pour éviter ce phénomène - Ne pas oublier de plonger la tondeuse dans un récipient d'eau froide car les lames chauffent beaucoup et brûle le mouton- Avoir un jeu de lames bien aiguisées, ça vous facilite la vie!! on en a fait l'expérience! - Attention aux parties génitales, bien camouflées dans la laine, ça serait dommage d'entailler tout ça!

N'étant pas des professionnelles, nous comptons environ 10 min par moutons...quand tout se passe bien!

Car ça serait trop beau que tout se passe bien comme dans les livres! Zagig, le Lande de Bretagne, lui tient bien assis, sans bouger...Mais! Les ouessants, sont plus petits, plus légers et pleins de nerfs, alors on les mets assis et hop! les voilà debout!! A noter : le bélier d'Ouessant est têtu!

Alors nous voilà parti pour les tondre debout...à Hélène de se contorsionner pour la coupe estivale.

Mozart, n'a pas eu de chance, le poids de la laine était trop lourd et par négligence nous n'avons pas vu que la laine tirait la peau. La tondeuse l'a blessée sur une dizaine de centimètre au flanc...blessure impressionnant mais déjà en pleine cicatrisation à l'heure actuelle.

Une fois tondu, nous passons aux petites choses telle que la manucure, histoire de voir l'état des onglons et de les couper. Puis une inspection de la peau afin de voir s'il y a des parasites. Et enfin, ils ont le droit à un poudrage à l'argile et au litothame pour purifier un peu tout cela.

Et hop! de retour dans le van...sauf que... une fois le premier tondu, les autres ne le reconnaisse pas, tout nu comme il est et tout gris de poudre!

Normalement, la maltraitance annuelle s'arrête ici, ils retrouvent leur champ et fini pour l'année mais cette année ils ont le droit à une prise de sang pour vérifier qu'ils n'ont pas la Brucellose. C'est une fois tous les trois ans.

La fin de journée arrive avec le retour à la liberté dans un nouveau champ plein d'herbe! Le rêve! Un verger de pommes à couteau à entretenir jusque l'été! Comment lier l'utile à l'agréable...

Pour moi, ce n'est pas encore fini. Il me reste les toisons à laver, sécher et ranger jusqu'à une utilisation de la laine pour faire des pièces en feutrine, mais ceci est une autre histoire...